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Centrafrique : « Il y a toujours espoir de sauver l’Accord », selon l’Honorable Martin Ziguele.

Centrafrique : « Il y a toujours espoir de sauver l’Accord  », selon l’Honorable Martin Ziguele.

Centrafrique : « Il y a toujours espoir de sauver l’Accord malgré le non-respect par les groupes armés », Selon l’Honorable Martin Ziguele.

BANGUI, le 07 février 2020 (RJDH)—« Il y a toujours espoir de sauver l’Accord malgré le non-respect par les groupes armés », c’est en ces termes que l’Honorable Martin Ziguele analyse l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation en Centrafrique, marqué par le non-respect des engagements des groupes armés et l’application des régimes des sanctions qui seront appliqués.

RJDH :06 Février 2019, 06 février 2020, aujourd’hui l’Accord Politique pour la Paix totalise un an, dites-nous, quelle est votre analyse en tant que leader d’un parti politique et l’un des principaux observateurs de cet Accord ?

Martin Ziguele :Effectivement, cela fera un an que l’Accord Politique pour la Paix a été signé, naturellement c’est l’heure du bilan, et nous pensons que si l’accord a l’avantage de tracer un cadre juridique pour la paix, il n’en demeure pas moins que beaucoup de choses restent à faire parce que l’objectif de l’Accord c’est une paix réelle qui se caractérise par la libre circulation des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire et par la réconciliation entre les filles et les fils du pays.

Sur le plan sécuritaire dans le Nord-Ouest du pays, favorablement il en n’est pas le cas mais dans le reste du pays surtout dans le centre et l’est du pays. Je vous rappelle les évènements d’Alindao, de Bria et celui fréquent de Birao et naturellement la situation de Kaga-Bandoro. L’Optimiste dira que le verre est à moitié plein, le pessimiste dira que le verre est à moitié vide et je pense que des gros efforts restent à faire pour que l’accord puisse parvenir à son objectif.

RJDH :La mise en œuvre de cet accord est marquée par le non-respect des engagements des groupes armés qui continuent de faire des exactions sur la population civile, pensez-vous qu’on peut encore le sauver ?

Martin Ziguele : Je pense qu’on peut sauver l’accord car il y a des dispositions de l’accord qui disent que les garants et les facilitateurs sont tenus de faire que tous les partis respectent ces dispositions. Nous avons observé que les réactions ne sont pas proportionnelles au regard des violations, et si cela continue ainsi pourquoi vous voulez que ça marche. Cela ne satisfait pas les centrafricains. Si vous prenez dix centrafricains aujourd’hui, vous leur demandez qu’est-ce que vous pensez de cet Accord, il y en a huit qui vous diront qu’ils ne sont pas satisfaits parce qu’ils ne voient pas un changement dans le comportement des garants, exception faite de ce qui s’est fait dans le Nord-Ouest avec Sidiki, alors que dans le reste du pays c’est la même chose qui continue avant l’accord et après l’Accord.

RJDH : Le régime des sanctions, est l’un des points faibles dudit accord, car faut-il le rappeler, vous ne cessez de demander que des sanctions fortes soient prises contre tout parjure voire des moyens militaires mais rien ne bouge comme vous le réclamez depuis ?

Martin Ziguele : J’ai régulièrement souligné que dans l’accord, il devrait avoir une définition précise des violations caractérisé pour chaque type de parjure, nous avons fait ce plaidoyer depuis plus de 6 mois et finalement au mois de décembre ces sanctions font maintenant partie de l’Accord.

RJDH : Quelles sont ces sanctions ?

Martin Ziguele : Les sanctions comme les frappes militaires, les sanctions judicaires et internationales avec le gel des avoirs et interdictions de voyager, toutes ces sanctions font maintenant partie de l’Accord mais le problème c’est que depuis l’ajout de ces sanctions, il y a eu plusieurs violations flagrantes de cet accord. J’en tiens pour exemple ce qui s’est passé à Alindao où trois soldats des FACA, ont été tués par les hommes de Darassa, les centrafricains ont seulement eu droit à des communiqués et cela s’est arrêté là. Aujourd’hui au regard de ce qui s’est passé à Bria en moins d’une demi-journée, on a compté près d’une cinquantaine de morts et les responsables sont connus nommément, et il ne se passe rien, c’est cela qui nous fait dire que cette situation ne peut continuer ainsi.

RJDH : Ne pensez-vous pas que l’attitude réfractaire d’une frange de la classe politique quant à cet accord, n’est-elle pas aussi l’une des faiblesses décriées ?

Martin Ziguele : Pour la cause de la paix, nous devrons parler le même langage. Naturellement, s’il y a les divisions entre les centrafricains, les uns et les autres en profitent pour perpétuer leur mainmise sur le pays. Il faut qu’on ait le même discours face aux groupes armés, comme je le dis toujours, ce qui est en train de se passer c’est une séparation de notre pays, parce que quand vous allez d’Alindao à Mobaye, il y a l’UPC qui règne en maître dans ces zones. Dans la plupart des villes de l’Est du pays, c’est les groupes armés qui ont la réalité du pouvoir. Et ce que nous ne comprenons pas, c’est que nous centrafricains, nous passons notre temps à discuter sur des sujets qui ne changent rien, nous devrons unir nos voix pour demander aux garants et facilitateurs d’user de tous leurs moyens de pression.

Regarder ce qui se passe au Burkina-Faso et au Niger, il y a le G5 Sahel qui s’est uni, ces pays-là font un plaidoyer et toute la classe politique de ces pays est unanime et ils font en sorte qu’il y a l’opération Barkane avec la couverture aérienne qui appuie ces mouvements et ils font une guerre acharnée contre les mouvements terroristes. En Centrafrique, qu’est ce qui se passe ? Il ne se passe rien. Pourquoi des pays comme la France n’appuierait-elle pas la Centrafrique pour nous permettre de nous débarrasser de ces groupes armés ?

J’en appelle aux pays amis de la Centrafrique d’aider la MINUSCA en appui aérien, mais pour qu’on appelle aux pays amis, il faut qu’en interne aussi on ait le même discours. Il faut qu’on refuse d’accepter à ce que des bandits viennent occuper notre pays. La situation sécuritaire n’est pas satisfaisante, mais si elle ne l’est pas, ceux qui en souffrent sont nos compatriotes. Le pays est vaste, les régions sont vastes. Il faut frapper militairement Darassa et Alkatim, il n’y a pas d’autres solutions.

RJDH : Honorable Martin Ziguele !

Martin Ziguélé : Merci !

RJDH