Centrafrique : La ville stratégique de Bria sous les viseurs des FACA et de leurs alliés

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Centrafrique : La ville stratégique de Bria sous les viseurs des FACA et de leurs alliés

Bangui, le 24 février 2021 (RJDH)— Après la reprise de la ville d’Ippy, dans la Ouaka à 90 km de Bria,  tous les regards sont tournés vers la ville scintillante, diamantifère et stratégique. Les deux villes sont séparées à une heure  de route. Selon les informations en notre possession, les  rebelles de la CPC ont commencé à plier bagages.

Les hommes de cette coalition parrainée par l’ex président François Bozizé n’ont plus de moral dans la bataille. Certains font des braquages de motos à la moindre opportunité pour s’éloigner de zones des combats. Ceux qui sont dans la ville traversent déjà de l’autre côté de la rivière Kotto, vers Sam-Ouandja. Sous un climat de psychose, de confusion et de libération attendue, la population de Bria estimée à environ 22 000 habitants se prépare à voir les loyalistes reconquérir la Ville.

Bria, ville diamantifère et stratégique

Le chef-lieu de la préfecture de la Haute-Kotto est la capitale économique de plusieurs factions rebelles dont les représentants y trafiquent des « diamants bruts ». Située à l’Est du pays, la Haute-Kotto est la plus vaste des 16 préfectures de la RCA, traversée par la rivière qui porte son nom «Kotto », un affluant de l’Oubangui, immensément riche en diamants bruts.

Bien que Bria soit dans une région interdite d’exportation de diamants par le processus de Kimberley (disposition internationale de lutte contre les diamants de sang), les hommes du FPRC, de l’UPC, des factions Anti-balaka et autres se battent pour le partage de ces pierres précieuses qu’on trouve un peu partout à Bria. Énorme opportunité dans une zone en proie à l’insécurité  pour s’enrichir et alimenter les rébellions à travers le pays. Frontalière avec le Soudan, la préfecture de la Haute-Kotto est à côté du marché de Darfour, où les armes de tout calibre se vendent à ciel ouvert.

Reconquérir la Haute-Kotto signifie couper les liens avec les mercenaires soudanais et  le centre d’approvisionnement en armes lourdes et légères qu’est le  marché du Darfour.

La qualité des pierres scintillantes trouvées à Bria est convoitée à l’échelle planétaire.

Le 14 janvier 2021, la base russe de Bria a été pillée pièce par pièce. Lorsque les hommes du Kremlin ont décidé de se replier sur Bangui après l’attaque de la capitale un jour avant, le siège de Lobaye Invest, la société russe très active en RCA a été mis à plat à Bria. La « remontada » des loyalistes accompagnés des russes un mois après, inquiète les rebelles dans une cause qui semble perdu. L’appel à une récompense de trois jours de pillages de Bangui en contre partie de la victoire de Bozize s’est soldé par un échec. La prise de Bangui aurait pu  être un « jackpot » pour certains groupes des pillards venus de tout horizon.

Les rebelles sont en train de perdre des zones conquises depuis 2012 au réveil de la coalition Séléka. Certains généraux des groupes rebelles ont publiquement critiqué les décisions hâtives de leurs leaders politiques qui se sont très rapidement ralliés à l’idéologie de la CPC, sans évaluer techniquement les forces en présence. Ces derniers jours, des ministres proches de groupes rebelles ont été limogés, une décision du chef de l’Etat Faustin-Archange Touadera qui signe la rupture des mariages, la fin de nombreux accords poussiéreux.

Perdre Bria sera encore un coup très dur pour la rébellion qui se voit privée d’immenses sources de revenus. Bria est l’un des nerfs de cette guerre, la rivière aux trésors immenses, blood diamond, diamants de sang qui  financent les guerres et alimentent ces hommes à la gâchette facile.

Yves Nyobale

RJDH

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