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Centrafrique : non, la prière ne guérit pas la maladie du VIH /Sida

Centrafrique : non, la prière ne guérit pas la maladie du VIH /Sida

RJDH – Eke Sioni Sango !

Centrafrique : non, la prière ne guérit pas la maladie du VIH /Sida

BANGUI, le 24 février 2020 (RJDH)—Depuis son apparition au début des années 80, le Virus d’immunodéficience humaine et la maladie qu’il entraîne à son stade avancé, le Syndrome d’immunodéficience acquise ou Sida, ont alimenté des rumeurs et fausses affirmations. Ces dernières ont renforcé la stigmatisation des personnes infecté par le VIH ou celles souffrant du Sida.

Mais il y a pire, plusieurs églises en Centrafrique affirment que la prière peut guérir le Sida. Pourtant, 40 ans après son apparition et malgré des recherches avancées, il n’existe aucun traitement pour guérir du Sida, ni aucun vaccin à l’heure actuelle. Les professionnels de santé sont catégoriques : la prière ne guérit pas le VIH ou le Sida, mais les antirétroviraux peuvent permettre aux malades de vivre une vie presque normale.

31 personnes mortes après avoir abandonné leur traitement

Professeur Wilfried Sylvain Nambei, coordonnateur du Comité National de Lutte contre le VIH, CNLS, en République Centrafricaine est catégorique : « Faux, faux, et faux Le VIH/SIDA ne peut être guéri par la prière. Le taux de prévalence du VIH est très important en RCA et à l’intérieur du pays. », assène-t-il.

Il poursuit : « Aujourd’hui, plus de 40 000 personnes sont sous traitements antirétroviral, malheureusement à cause de ces fausses croyances, nous avons déjà enregistré trente et une personne morte après avoir abandonné leur traitement. Comme tout autre maladie quelconque, il est nécessaire d’aller consulter un médecin. »

La prière pour vous réconforter pendant votre traitement et non le remplacer

Nous avons parlé à Marceline N., chargée des structures de décentralisation de lutte contre le VIH/Sida au CNLS qui précise : « Tu peux te réconforter par la prière en suivant les traitements mais en vérité la prière ne soigne jamais. Autrefois, on disait des personnes séropositives qu’elles étaient condamnées à mourir. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui grâce aux ARV. »

Cette professionnelle de santé poursuit, pour mieux expliquer à quoi pourrait servir la prière quand on est sous traitement : « L’essentiel c’est d’aller à l’hôpital, puis suivre le traitement car le Sida ne tue plus. Que les femmes enceintes aillent se faire dépister à temps pour permettre des mesures de leur prise en charge ainsi que leurs enfants. La prière ne sauve pas une personne affectée par le VIH/Sida, mais psychologiquement parlant, elle accompagne. », a-t-elle conclut. 

Même des pasteurs recommandent le traitement, avant la prière

Notre rédaction a pu rencontrer Jean Radine Andjiandji, pasteur et prédicateur. Il se sert d’un verset biblique pour illustrer le fait que la prière ne guérit pas sans un traitement : « Dans 2 Rois Chapitre 20 versets 5 à 7, on témoigne que même en étant serviteur de Dieu, on est appelé à suivre des traitements médicaux en cas de maladie. » révèle-t-il. Cette partie de la bible décrit comment un morceau de gâteau de figue avait guérit un ulcère dont souffrait Ézéchias. Alors si vous êtes fervent croyant, peut-être que cet ultime exemple vous aidera à croire que le traitement sous ARV est la seule solution de se soigner du Sida.

Selon l’ONU/Sida, le taux de prévalence de personnes vivant avec le VIH/Sida, à l’échelle mondiale en 2018- 2019, est de. 37,9 millions des personnes.

Lors de la Célébration de la Journée Mondiale Contre le Sida, le 1er décembre 2019, l’ONG Médecins Sans Frontières avaient donné les statistiques de 2018 concernant le VIH en Centrafrique. Selon MSF, en 2018, 110,000 PVVIH estimées, 79 812 enregistrées, 42,000 sous traitement, 13,942 charges virales réalisées, 8745 PVVIH indétectables en 2018, 8602 nouveaux cas diagnostiqués et sous traitement mais parmi eux 5269 perdus de vue et dont la moitié retrouvée finalement.  En ce qui concerne les femmes enceintes pour la même année 2018, MSF avait avancé un chiffre de 210,000 grosses attendues et souligne que seulement 41% des femmes enceintes connaissaient leur statut sérologique. L’ONG précise que 63% des femmes enceintes dont les résultats ont été positifs ont suivi un traitement pendant leurs grossesses.

Dans une interview accordée à Radio Ndeke Luka dans le cadre de la célébration de cette journée, le directeur pays de l’Onusida en Centrafrique Patrick Eba, avait déclaré pour sa part : « Nous sommes inquiets du VIH/Sida dans ce pays qui a fait de progrès notable dans la réponse au VIH. Nous avons aujourd’hui environ 40.000 personnes sous traitement antirétroviral. Cela est un progrès significatif, une progression de 40% en 18 mois. Nous saisissons cette opportunité pour demander plus d’appui pour la réponse au VIH/Sida. Si nous n’avons pas plus de moyens, nous ne pouvons pas atteindre les 60% de personnes qui ne bénéficient pas de traitement », avait plaidé, le Directeur pays de l’ONUSIDA au micro de Radio Ndéke Luka.  

Le rapport annuel de l’ONUSIDA rendu publique au mois de juillet dernier et commenté par RFI, déplorait déjà la situation sécuritaire dans le pays qui rend une partie des populations difficile d’accès et à traiter. Cependant, de manière plus générale, souligne ce rapport, les populations manquent d’informations car le tabou et la stigmatisation sont très grands et le manque de moyens est criant.

 Sylvain Bernardin Redjal et Michael NDAMOYEN

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