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Centrafrique : « Qu’on nous sorte la liste de ces 3000 fonctionnaires dits fictifs et les données sauront établir la vérité, cela n’est pas compliqué », demande le directeur général de l’ONI

image direction de l’ONI

BANGUI, le 22 Août 2022(RJDH) —-Dans une interview exclusive accordée au RJDH, le Directeur Général de l’ONI a confondu les soupçons du Ministère de la Fonction Publique en réclamant des preuves. Depuis, la présentation de ces preuves tarde.

RJDH : Monsieur le Directeur général de l’ONI Jean Daniel DENGOU, bonjour !

JDG : Bonjour Monsieur le journaliste.

RJDH : Depuis le lancement des opérations de contrôle des fonctionnaires et agents de l’Etat, l’ONI que vous dirigez est dans le viseur du gouvernement. Quelle réaction cela vous inspire ?

JDG : Je vous remercie pour l’occasion que vous offrez afin de me prononcer sur ce qui se raconte. Je voudrai préciser que l’ONI n’est pas dans le viseur du gouvernement centrafricain. Je considère qu’il y a eu des allégations souffrant de fondements réels et techniques, qui ont été distillés pour ternir l’image de l’ONI qui intervient comme d’autres acteurs dans la chaine de traitement de la paie. Ces soupçons ne peuvent ternir l’image de l’ONI qui est constamment dans l’action. Ceci étant, je me permets de vous décrire la chaine de traitement des salaires qui se fait à travers le logiciel GIRAFE. Vous avez plusieurs acteurs qui interviennent dans le circuit. Nous avons le Ministère de la Fonction Publique à travers la Direction Générale de la Fonction Publique et la gestion des carrières des fonctionnaires. Ensuite, nous avons l’ensemble des Directions des Ressources des Ministères et des institutions de l’Etat. Au Ministère des Finances, nous avons la Direction des Soldes. Pour le Ministère de la Défense, il y a la Direction Générale des Commissariats des Armées. L’ONI avec le logiciel GIRAFE développé à la demande de la Banque Mondiale, intervient sur cette chaine en appui technique à l’ensemble du processus.

RJDH : Quel est donc votre rôle dans le processus que vous venez de décrire ? 

JDG : C’est une chaine qui a été développée autour du système de base de données. Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’ONI met à disposition les modules pour permettre à l’ensemble des acteurs d’introduire des données pour permettre à la chaine de pouvoir fonctionner normalement. La chaine de traitement des salaires est un travail, technique et collégial qui implique divers acteurs mandatés.  

Depuis janvier 2022, le Ministre des Finances et celui de la Fonction Publique ont signé un Arrêté interministériel créant un poste de vérificateur qui a été nommé par le Ministre de la Fonction Publique. Ce vérificateur coordonne et valide tous les mouvements des Directeurs des Ressources ceci depuis janvier 2022. Dans la chaine de traitement de la paie, l’inclusivité est garantie, voilà pourquoi, les soupçons relevés seront traités par tous pour que l’opinion ait de bonnes informations.

RJDH : Comment les documents des salaires sont produits ?

JDG : Je puis vous dire qu’il n’y a pas une intervention humaine directe du personnel de l’ONI dans la chaine. Lorsque tous les mouvements venant des acteurs à la base sont initiés, c’est le logiciel qui fait les calculs avant de les restituer.

RJDH : Une machine est manipulable, vous le savez.

JDG : Je ne saurais l’ignorer. Manipuler la machine pour des manœuvres dilatoires, c’est possible mais nous y veillons. Ce qu’il faut comprendre, c’est que lorsque les résultats sont établis, ils sont distribués à tous les acteurs notamment le Ministre des Finances qui reçoit l’ensemble des statistiques faisant le point sur l’ensemble des salaires du mois. A la réception de ces documents statistiques, chaque acteur a la possibilité de réagir avant que les virements soient faits et cela n’est pas le rôle de l’ONI.

RJDH : Deux de vos cadres sont en détention dans cette affaire. N’est-ce pas là la preuve de l’implication de votre structure ?

JDG : Comme je vous le disais au début, il y a trop d’allégations techniquement indéfendables qui sont brandies pour créer la situation à laquelle vous faites allusion. Je puis vous rassurer que depuis l’arrestation de nos collaborateurs, nous attendons toujours les éléments qui prouvent leur implication dans ce que les uns et les autres avancent. On parle de trois milles fonctionnaires fictifs. Mais où sont les preuves ?

RJDH : Vous niez en bloc ?

JDG: On leur reproche d’utiliser les fonds de 3000 fonctionnaires fictifs. Qu’on nous sorte la liste de ces 3000 fonctionnaires dits fictifs et les données sauront établir la vérité, cela n’est pas compliqué. Mais pourquoi, l’on fait tourner l’opinion en rond sur cette affaire ? Je suis mal placé pour épiloguer sur des rumeurs. Nous avancerons sur des faits sont révélés et jusque-là, il n’y a rien.  En clair, si on a les noms, les matricules et les numéros de compte, établir la vérité serait un jeu d’enfant. Tous les acteurs seront démasqués mais on croit avoir des éléments alors qu’on est loin de la vérité.

RJDH : Vous remettez en cause ce qui se fait au niveau de la Fonction Publique.

JDG : Ce n’est pas à moi de remettre en cause une opération initiée par le gouvernement. J’émets des réserves sur des allégations avancées et la méthodologie utilisée par ceux que le gouvernement a mandatés.   

RJDH : Une manière de remettre en cause la méthodologie.

JDG : L’essentiel, c’est de sortir la liste et on avance.

RJDH : Le gouvernement a indiqué avoir économisé grâce à ces opérations 1 milliards de Fcfa sur la masse salariale.

JDG : Ce que vous dites, est avancé par le Ministère de la Fonction Publique. Mais les faits contredisent cette version parce que la masse a plutôt évolué ces derniers mois. L’économie de 1 milliard de Fcfa et les 3000 fonctionnaires fictifs n’existent que dans l’imaginaire de certains. Je souhaite qu’on arrête de tromper l’opinion pour atteindre des fins politiques personnelles et égoïstes. Je suis technicien, j’évite de rentrer dans un débat foncièrement politique qui ne tient que par le fil des ambitions politiciennes.  

RJDH : Comme preuve, une institutrice a vu son salaire augmenter sans aucune précision.

JDG : J’ai suivi cela sur les ondes de Ndéké-Luka mais la rigueur professionnelle aurait voulu que les informations soient recoupées. Mais qu’à cela ne tienne, nous avons étudié le cas de cette institutrice en remontant la chaine. Il se trouve qu’au moins de juin, elle a bénéficié d’un moins perçu. La Direction Générale du Budget que nous avons contactée, a indiqué que cette Dame a introduit une demande le 25 janvier 2015 pour réclamer ses différences de salaires non perçus. Toutes les preuves sont rassemblées. C’est en fait ce moins perçu qui s’élève à 297.000 Fcfa qui lui a été payé au mois de juin et en juillet, elle a eu son salaire normal. Voilà des éléments techniques que certains qui s’agitent, n’ont pas et qu’ils se plaisent à tromper les uns et les autres.

RJDH : Pourquoi ce contrôle vous fait peur ?

JDG : Qui vous dit que nous avons peur ? Pour dire vrai, ce contrôle, c’est moi qui l’ai proposé au Ministre de la Fonction.

RJDH : Et pourtant vous critiquez la méthodologie.

JDG : Ce n’est pas parce que l’idée vient de nous que nous devons cautionner les dérapages.

RJDH : Monsieur Jean Daniel Dengou, Merci

Propos recueillis par Judicaël Yongo

RJDH

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